LA LAICITE, UN ACTE DE BONNE FOI

   Elle est à la fois catholique, protestante, juive, musulmane, bouddhiste, agnostique, athée, Charlie….et le reste. Qui-est-ce ? La laïcité bien sûr. Et c’est bien dans ces temps troubles et malheureusement troublés qu’il nous faut revenir à ce concept et l’examiner dans toute son ampleur et sa valeur humaniste. Certains vont dresser l’oreille à ces propos. Rassurez-vous amis, nous ne sommes plus au  début de la troisième République où la laïcité en était à ses premiers balbutiements et où elle avait (elle aussi) ses intégristes. Les « laïcards » de la première heure ont fait place à des générations de laïques moins susceptibles et plus éclairés. La loi de 1905, dite « loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat » a donné un cadre institutionnel à la laïcité assorti d’une panoplie législative. Par bonheur, nous sommes très loin de l’agressif  « A bas la calotte ! » et nous avons construit actuellement, par conviction républicaine, un mode de vivre ensemble dans le respect de tous.   

   La laïcité a ses racines dans l’universalité, dans le droit imprescriptible de tout être humain à embrasser une foi et à la pratiquer, à adopter une religion ou une philosophie et à vivre selon ses préceptes dans l’espace privé. Espace privé qui n’est pas le confinement entre les murs de sa maison mais qui s’oppose à la notion d’espace public définie par la loi. La laïcité, loin d’être un mouvement antireligieux, garantit et protège au contraire pour chacun la libre pratique de sa foi. On rejoint là le principe de tolérance cher à Voltaire qui déclarait en substance « Je ne partage pas tes idées mais je me battrai jusqu’au bout pour que tu puisses les exprimer ». Belle leçon ! Exprimez donc mais n’imposez pas, surtout par la force. Si le religieux s’immisce dans le législatif, c’est une induction à la « fascisation ». En effet, il s’agira d’imposer à tous un précepte reconnu seulement par quelques-uns. La laïcité accorde à tous la liberté de pensée, c’est ainsi, hors de tout paradoxe, qu’un croyant peut être laïque.

   A toute chose malheur est bon. C’est ainsi que les évènements tragiques qui nous ont occupés et préoccupés ces temps-ci ne peuvent que remettre au jour le principe de laïcité en le repensant, non pas dans son essence mais dans ses applications, ses modalités et sa transmission. C’est le seul bouclier contre l’intolérance et le fanatisme. Il faut l’adapter aux mutations sociales et à la marche du monde. Un aggiornamento en termes d’appareil législatif et des moyens qui vont avec. Même si l’on craint une restrictivité. La liberté publique suppose une certaine limitation des libertés individuelles. La liberté, dans son sens le plus absolu, ne peut exister sans interdits. C’est ce qu’on enseigne aux enfants dès leur plus jeune âge.

   Quant à la violence, si un croyant se sent insulté parce qu’on a moqué l’image de son dieu, c’est, au mieux, qu’il doute de son existence, au pire, qu’il est assez stupidement orgueilleux pour s’identifier à lui.